Un soleil indocile brillait haut dans le ciel et déversait sur Douala une chaleur ardente. L’intraitable poussière de la ville se posait sur tout : sur les taxis jaunes des taximen qui klaxonnaient pour un oui ou pour un non, sur les beignets que des vendeuses vaillantes exposaient au bord des routes, sur les toits et même sur les gens. Le tout dans un concert bruyant qui conférait à Douala son aspect bouillonnant. La ville de la vie. Pas la vie que l’on respire, mais la vie qu’on mange dans un plat de poisson braisé, la vie que l’on boit dans un verre de Castel bien fraîche. Celle que l’on danse. Celle que l’on célèbre vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

Et pourtant, Ndomé n’avait point envie de sortir de chez elle. Elle se lovait dans son lit, à la manière d’un chat ; ce que lui avait raconté son amie Moukoko avait fracassé son cœur et elle ressentait au ventre une douleur discrète qui déambulait lentement dans son corps. C’est pourquoi elle roulait sur elle-même comme un ver de terre. Elle n’était pas sûre d’avoir vraiment mal. Peut-être que c’était simplement l’indignation dans la voix de Moukoko qui l’effrayait et lui coupait le souffle. Elle n’était pas sûre d’avoir mal mais préférait faire comme si elle avait mal. Au cœur ? Au ventre ? Elle décida qu’elle aurait mal au cœur et posa sa main sur ce cœur qui battait trop vite, trop fort, si fort qu’elle pouvait l’entendre. Il battait trop fort parce qu’elle avait peur. Peur de cette femme dont lui avait parlé son amie. Peur que cette femme lui arrache son mari. La dernière fois au téléphone, Moukoko avait été claire : «  j’ai revu cette femme avec ton mari. Elle est brune, très brune, sans taches. Si tu ne fais rien, tu vas perdre ton mari. »

 

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